Libellule…

 

Petite libellule,

Jamais tu ne t'allumes,

Mais du haut de cette dune,

Toi, tu te dissimules…

 

Tu n'est pas si commune,

Droite comme une majuscule,

Tu brilles sous la lune,

Comme le ferait une bulle.

 

Jamais tu n'accumules,

Tous les faits à la une,

Tu éteins le volume,

Et t'envoles comme une plume.

 

Charistème éphémère,

Tu t'envoles pour nous plaire,

Jusqu'au bout de la mer,

Tu emmènes tes mystères.

 

Tu oublies tes manières,

Dans un temps de désert,

Tu rejoins cette terre,

Et desserres toutes tes serres.

 

Tu nous laisse libre de faire,

D'apprendre, de vivre par paire,

Parmi nous pères et mères,

A jamais se resserrent.

 

Libellule toi tu vis,

Au-delà de la nuit,

Tu parcours et tu fuis,

Tout ce qui est l'oubli.

 

Soudain, là tu le vis,

Ce buisson t'éblouit,

Et sur lui tu jaillis,

Tel un aigle en furie…

 

A présent c'est fini,

Ton bonheur est servi,

Tu comprends aujourd'hui,

Que ta vie c'est autrui !

 

Un buisson te désarme,

Si petit sans une arme,

Tu partis sans une larme,

Libellules que t'incarnes…

 

Mais ce n'est pas un drame,

Pas besoin de vacarme,

Éteignez ces alarmes,

Et prenez une rame.

 

Libellule suis ton âme

Cours là-bas, c'est ta flamme,

Non, ce n'est pas un blâme !

Mais la vie qui t'acclame…

 

Mai 2006